POURQUOI L’INCESTE BOULEVERSE NOTRE RELATION A LA NOURRITURE ET AU CORPS ?
Dissociation, hypervigilance, troubles alimentaires… et si comprendre ces mécanismes était la première étape pour guérir ?
Les traumatismes liés à l’inceste laissent des blessures profondes, souvent invisibles, mais qui continuent d’agir longtemps après les faits. Ces expériences ne touchent pas seulement la mémoire et les émotions : elles bouleversent aussi la relation au corps et à des besoins essentiels comme l’alimentation ou le sommeil.
L’un des mécanismes les plus fréquents face à ce type de choc est la dissociation : ce réflexe de survie qui pousse l’esprit à se déconnecter pour ne pas sombrer dans la douleur. Sur le moment, elle aide à tenir. Mais quand elle s’installe dans le temps, elle fragilise le lien avec ses sensations corporelles, ses émotions et ses besoins vitaux.
Les répercussions quand le corps et l’esprit se déconnectent

- Un stress chronique et un sentiment constant de menace.
- Une hypervigilance qui empêche de se détendre et de se sentir en sécurité.
- Des troubles de la mémoire : difficultés à se rappeler certains détails ou à relier les souvenirs en une histoire cohérente.
- Une dissociation : incapacité à se concentrer, esprit qui se déconnecte - détachement émotionnel ou physique .
- Des troubles du sommeil : insomnies, cauchemars, réveils fréquents et pensées envahissantes.
- Des douleurs et tensions physiques sans explication médicale, fatigue chronique.
- Des relations compliquées : peur de la trahison, isolement, difficulté à faire confiance ou à créer des liens intimes.
Après de tels traumatismes, beaucoup décrivent des sensations déroutantes : la faim, la satiété, le plaisir de manger deviennent flous, lointains, parfois complètement absents. Comme si leur corps et leur esprit ne communiquaient plus. Ils se sentent détachés de leurs sensations internes, incapables de savoir quand manger, combien, ou même s’ils en ont envie. L’acte de manger n’est plus guidé par le corps mais par l’habitude, le stress ou le besoin de contrôle.
Cette déconnexion ne se limite pas à l’alimentation : certains ressentent une impression de vide ou d’anesthésie émotionnelle, comme si le corps était figé ou étranger.
Ces manifestations traduisent souvent un mécanisme de protection que le corps et l’esprit ont mis en place face au choc ou au danger vécu. Lorsque le traumatisme survient, le cerveau active des stratégies de survie : il peut couper ou atténuer les sensations pour éviter une détresse écrasante, une peine impossible à contenir. Cette dissociation ou anesthésie sensorielle, bien qu’utile dans l’urgence, laisse souvent une trace durable, créant un décalage entre le corps et la conscience de ses besoins. Comprendre que cette déconnexion n’est pas une faiblesse, mais une réponse naturelle de protection, est un premier pas vers la guérison.
Ces perturbations peuvent se manifester de différentes façons
- Excès alimentaires : manger de manière compulsive pour calmer un vide ou une souffrance émotionnelle, ou pour tenter de retrouver un contact avec ses sensations.
- Automatisme et dissociation : manger sans conscience, dans un état d’engourdissement pour éviter de ressentir honte ou angoisse.
- Privations strictes : s’imposer des régimes draconiens ou se priver volontairement de nourriture pour maîtriser le corps et éviter toute perte de contrôle.
- Perfectionnisme et obsession du corps : où le contrôle de l’alimentation et du poids devient central, menant parfois à des troubles sévères comme l’anorexie.
En thérapie, il s’agit de rétablir progressivement le dialogue avec son corps : apprendre à reconnaître les sensations de faim, de satiété, de plaisir ou de déplaisir, explorer les émotions qui y sont liées et réapprendre à écouter les signaux internes sans peur ni jugement. Ce cheminement permet, pas à pas, de retrouver un rapport plus apaisé et vivant à la nourriture, mais aussi à soi-même. On ne cherche pas seulement à rétablir une alimentation équilibrée : on réapprend à habiter pleinement son corps, à s’y sentir en sécurité et à renouer avec ses besoins fondamentaux.

Se reconstruire : un chemin en 7 étapes
Derrière la douleur, il existe un chemin : celui qui mène à un rapport apaisé à son corps, à sa nourriture, et surtout… à soi-même.
- 1. Retrouver un espace de sécurité
- 2. Identifier et comprendre ses difficultés
- 3. Apaiser les symptômes
- 4. Se reconnecter à son corps
- 5. Reconstruire l’estime de soi et apaiser la honte
- 6. Retrouver une relation saine avec la nourriture et le corps
- 7. Réapprendre à créer des liens.
Guérir d’un traumatisme incestueux, c’est aussi, pas à pas, se réapproprier son corps et ses sensations. C’est comprendre que le chemin de la guérison peut être fait de hauts et de bas, mais qu’il reste toujours possible et accessible.
Retrouver son corps, retrouver sa vie
c’est réapprendre à marcher au cœur de soi,
comme si chaque pas réveillait une mémoire enfouie
celle des gestes simples, oubliés,
celle du vent qui caresse et du soleil qui réchauffe,
celle de l’instant qui, soudain, respire à nouveau.
C’est avancer lentement,
sans chercher à courir vers demain,
mais en laissant chaque pas dessiner un chemin,
un sentier doux qui nous redonne le goût de nous retrouver.
Et dans cette marche, fragile mais persistante,
chaque souffle rallume une étincelle, chaque silence devient un refuge,
chaque pas déplie l’obscurité pour laisser jaillir le jour.
Alors, la force enfouie celle qui soigne, celle qui pardonne
se lève comme l’aube et
nous ouvre à la vie,
dans toute sa plénitude.

Chaque pas vers la compréhension de soi est un pas vers la liberté.
Vers un rapport apaisé à son corps, à la nourriture… et à la vie.
« Ce qui compte, ce n’est pas ce que nous attendons de la vie, mais ce que la vie attend de nous. » Viktor E. Frankl
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